Quand on pense à la Tunisie, on imagine souvent les plages de Djerba, les souks de Tunis ou les ruines de Carthage. Mais la véritable richesse de ce pays réside dans ce que l’on ne voit pas tout de suite. Ce sont ces villages oubliés par les cartes postales, ces artisans qui travaillent dans le silence, ces montagnes qui cachent des histoires plus anciennes que les guides touristiques. La Tunisie authentique, mystérieuse et vibrante, ne se livre qu’à ceux qui prennent le temps de l’écouter.
Top 6 des itinéraires hors sentiers battus en Tunisie
voyage hors des sentiers
Les villages suspendus de l’Atlas tunisien
Loin des routes principales, perchés entre les roches et les vents, certains villages du nord-ouest tunisien vivent au rythme des saisons. Ici, on ne parle pas français ni même arabe littéraire, mais un dialecte ancestral, un arabe mélangé à des racines berbères. Les maisons sont construites en pierre rouge, les ruelles étroites racontent des histoires oubliées.
Ces villages offrent une expérience unique : marcher au lever du soleil parmi les oliviers centenaires, goûter un pain cuit dans la cendre, échanger quelques mots avec un vieil homme assis sur un muret. Rien n’est mis en scène, tout est vrai. Et c’est cette vérité qui marque les esprits.
1. Les forêts méditerranéennes de Kroumirie
La Tunisie a aussi ses forêts. Peu de gens le savent, mais la région de la Kroumirie, dans le nord-ouest, abrite des forêts luxuriantes où vivent des sangliers, des hyènes rayées et des milliers d’oiseaux. Là-bas, les fougères géantes tutoient les pins d’Alep, et le silence est seulement troublé par le chant des cigales.
Explorer ces lieux, c’est aussi comprendre une autre Tunisie : plus verte, plus sauvage, plus résiliente. Des familles vivent encore de la récolte du liège, des plantes médicinales, et de l’apiculture artisanale. Il n’y a ni parc à thèmes ni selfies, juste une invitation à la lenteur.
2. Les steppes intérieures, terres d’épreuves et de beauté
En descendant vers le centre du pays, le paysage change brutalement. Là, c’est l’empire du vent, de la poussière, et des pierres blondes. On y trouve des zones semi-arides, battues par les vents du sud, qui ont forgé des communautés robustes et fières.
Certaines coopératives de femmes y cultivent encore l’alfa, une plante sauvage qui sert à fabriquer du papier artisanal. D’autres font sécher au soleil des figues, des dattes ou des tomates, selon des techniques transmises par les grands-mères.
Dans ces steppes, le luxe est simple : un couscous préparé au feu de bois, une veillée sous les étoiles, une prière récitée ensemble au bord d’un puits. C’est là que la tradition musulmane se fait le plus palpable, non pas comme un dogme, mais comme une présence tranquille, tissée dans chaque geste.
3. Les anciens sanctuaires de montagne
Peu mentionnés dans les brochures, certains sommets tunisiens abritent d’anciens sanctuaires musulmans où venaient se recueillir les voyageurs. Ces lieux, parfois à demi-effacés par le temps, étaient des points de méditation, de dhikr, de repos. On y allumait une bougie, on y lisait une sourate, on y reprenait des forces avant de redescendre.
Aujourd’hui encore, des mystiques, des poètes ou des chercheurs de vérité y montent pour trouver un silence différent. Le chemin n’est jamais fléché, il faut le mériter. Mais au sommet, on comprend mieux ce que signifie le mot « souffle ». Et on saisit pourquoi la Tunisie a toujours été une terre de passage entre ciel et terre.
4. L’art populaire qui ne dit pas son nom
Il y a aussi cette Tunisie discrète qui peint, sculpte, tisse et chante sans jamais chercher le mot « artiste ». Dans un petit village près de Sfax, une femme décore ses jarres d’eau avec des symboles ancestraux. A Tataouine, un jeune homme transforme des carcasses de mobylettes en installations métalliques. A Siliana, un vieux monsieur raconte des histoires en tapant sur un daf en peau de chèvre.
Ce sont ces gestes anonymes qui donnent une autre couleur au pays. Ils n’entrent pas dans les musées, mais dans les mémoires.
5. Le quotidien comme aventure mystique
Voyager dans cette Tunisie profonde, c’est redonner du poids aux choses simples. C’est discuter deux heures dans une herboristerie. C’est marcher au hasard dans une palmeraie. C’est boire un café au bord d’une route où personne ne s’arrête. C’est regarder un enfant jouer avec un cerf-volant fait de sacs plastique et de rêves.
C’est aussi observer comment l’Islam y est vécu : dans l’hospitalité, dans le respect du pain, dans la manière de saluer, dans le silence de la prière. La tradition musulmane n’est pas mise en vitrine. Elle est là, vivante, offerte, digne. Elle relie les gens, structure le temps, inspire la façon de s’habiller, de parler, de marcher même.
6. la Tunisie qu’on n’avait pas vue
Il y a une Tunisie qui ne se photographie pas, mais qui s’imprime dans le coeur. Une Tunisie qui ne s’achète pas en all-inclusive, mais qui se mérite à force de respect et de lenteur. C’est une Tunisie de la transmission, du souffle, du regard.
Et peut-être qu’en explorant cette version profonde et mystique du pays, on comprend que voyager, ce n’est pas accumuler des lieux, mais découvrir des présences.
C’est dans cet espace-là que l’on peut glisser un geste, un lien, une intention. Une manière de dire : je vois, je reçois, je respecte.
Car la Tunisie ne se résume pas à ce qu’on sait d’elle. Elle commence, justement, là où l’on cesse de croire qu’on la connaît.